(TOGODAILYNEWS) – La dette totale du Togo a connu une progression ces dernières années. Elle est passée de 2 555,45 milliards de francs CFA en 2020 à 4 217,73 milliards de francs CFA en 2024. Mais il faut comprendre ce qu’elle recouvre : bien gérée, elle constitue un outil, un levier.
Cette progression s’explique par les besoins urgents auxquels l’État a dû faire face. D’une part, la crise sécuritaire au nord du pays a nécessité des dépenses supplémentaires pour protéger les populations et stabiliser la région. D’autre part, l’inflation mondiale et le coût élevé de la vie ont poussé le gouvernement à engager des mesures sociales de soutien.
L’endettement est donc venu en renfort, non pas pour alimenter des dépenses improductives, mais pour maintenir la cohésion nationale et continuer à financer des infrastructures essentielles.
Dans ce contexte, un élément rassurant mérite d’être souligné : malgré la hausse, le Togo respecte encore la norme communautaire de l’Uemoa qui fixe le plafond d’endettement à 70 % du PIB. À fin décembre 2024, le ratio dette/PIB atteignait 69,16 %, soit tout juste en dessous de ce seuil. Les experts considèrent qu’il s’agit d’un niveau maîtrisé, d’autant plus que le gouvernement a engagé une trajectoire de consolidation budgétaire.
D’ici 2026, la dette devrait retomber à environ 60 % du PIB, preuve que la stratégie n’est pas celle d’une fuite en avant, mais d’un investissement contrôlé. Cette orientation s’appuie également sur des perspectives économiques favorables. Après des années marquées par la pandémie et le choc du conflit en Ukraine, l’inflation recule nettement. En 2024, elle s’est établie à 3 %, contre 5,7 % un an plus tôt. Ce niveau, le plus bas depuis plusieurs années, redonne du souffle aux ménages et montre que les mesures prises portent leurs fruits.
Dans le même temps, la maturité moyenne de la dette s’est allongée, passant de 6,45 ans en 2023 à 6,67 ans en 2024, grâce notamment à des prêts concessionnels à très long terme obtenus auprès de la Banque mondiale. En clair, l’État gagne du temps pour rembourser, tout en bénéficiant de conditions plus avantageuses.
Les agences de notation financière, souvent impitoyables lorsqu’un pays dérape, ont elles aussi reconnu ces efforts. En septembre 2024, Standard & Poor’s a amélioré la perspective du Togo de « stable » à « positive », saluant la croissance soutenue et la discipline budgétaire. Quelques jours plus tard, Moody’s a également révisé sa notation, passant de « négative » à « stable », estimant que l’assainissement budgétaire et l’accès accru aux financements concessionnels garantissent la soutenabilité de la dette à partir de 2025.
Même Bloomfield a confirmé une perspective stable, insistant sur les progrès sociaux et fiscaux réalisés. Ces signaux extérieurs montrent que, malgré les inquiétudes internes, les partenaires financiers internationaux conservent leur confiance dans la capacité du Togo à honorer ses engagements. Le pays bénéficie également d’un accompagnement solide des institutions internationales. En mars 2024, un accord de 390 millions de dollars (219 milliards de francs CFA) a été conclu avec le FMI. L’objectif est désormais de renforcer la stabilité macroéconomique et de réduire progressivement le risque de surendettement.
Pour les citoyens, ce jargon économique peut sembler lointain. Pourtant, il se traduit concrètement par des projets visibles. Les routes, les hôpitaux, les écoles et les programmes sociaux financés grâce à ces emprunts améliorent la vie quotidienne et posent les jalons d’une croissance plus inclusive. C’est en ce sens que l’on peut dire que le Togo s’endette aujourd’hui pour être libre demain : la dette actuelle, lorsqu’elle est bien gérée et orientée vers le développement, devient un levier de souveraineté économique future.
Certes, les défis demeurent. Le niveau d’endettement reste élevé et exige une vigilance constante. Mais les perspectives sont encourageantes. Le gouvernement ambitionne de réduire le ratio dette/PIB à 62 % d’ici 2028, une cible jugée ambitieuse mais atteignable par les experts si la discipline budgétaire se maintient. À cette condition, l’endettement cessera d’être perçu comme un fardeau pour devenir un outil d’émancipation économique.
En définitive, il est normal que les Togolais s’interrogent face à la montée de la dette. Mais l’analyse détaillée montre qu’il ne s’agit pas d’un gouffre sans fin. Bien au contraire, la stratégie actuelle combine investissements utiles, accompagnement international et assainissement budgétaire. La dette d’aujourd’hui n’est donc pas une menace irréversible, mais un pari sur l’avenir. Et si ce pari est tenu, le Togo aura transformé une inquiétude présente en liberté économique future.
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