UEMOA : L’inflation est ressortie à 7,8% au quatrième trimestre 2022

Selon le rapport sur la politique monétaire dans l’UMOA, rendu public le 23 mars 2023, par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’inflation au niveau de l’Union est ressortie à 7,8% au quatrième trimestre 2022, par rapport à la même période de l’année précédente, après une augmentation de 8,4% un trimestre plus tôt. Cette décélération du niveau général des prix est essentiellement imputable à la baisse du rythme de progression des prix des produits alimentaires, en lien notamment avec la hausse de l’offre céréalière.

Au quatrième trimestre de 2022, le taux de change effectif réel a connu une dépréciation de 1,5% par rapport à la même période de l’année précédente, résultant d’un différentiel d’inflation favorable à l’Union de 2,3 points de pourcentage, légèrement atténué par une appréciation du taux de change effectif nominal de 0,8%.

La progression du niveau général des prix dans l’UEMOA, comparativement à la même période de l’année précédente, est ressortie à 7,8% au quatrième trimestre 2022, après 8,4% le trimestre précédent. Cette décélération du niveau général des prix est la première depuis le deuxième trimestre 2021, où le taux d’inflation avait dépassé le seuil de 3,0%. Elle est imputable à la composante « Produits alimentaires » qui a connu une progression de 11,9% au cours du trimestre sous revue, après une augmentation de 13,8% un trimestre plus tôt.

Dans la plupart des pays de l’Union, les prix des produits alimentaires ont ralenti avec l’arrivée sur le marché des nouvelles récoltes de la campagne 2022/2023, dont la production céréalière est en hausse de 15,9% contre une baisse de 13,1% l’année précédente.

Outre l’insécurité dans le Sahel qui affecte les circuits de commercialisation, la persistance des tensions sur les prix internationaux des produits alimentaires a atténué l’effet de l’amélioration de l’offre locale de denrées alimentaires sur l’inflation.

Au niveau des fonctions « Transport » et « Logement », les prix ont augmenté respectivement de 7,8% et 5,9% au quatrième trimestre 2022 contre 7,4% et 5,4% le trimestre précédent. Le relèvement des prix des carburants au quatrième trimestre 2022, dans le sillage du redressement des cours mondiaux de pétrole brut, a renchéri les services de transport.

Au quatrième trimestre 2022, la hausse des prix à la pompe de l’essence sur un an atteignait 38,6% au Togo, 26,0% en Côte d’Ivoire, 25,0% au Bénin, 22,3% au Mali, 22,0% au Burkina, 15,6% en Guinée Bissau et 14,8% au Sénégal. Pour le gasoil, la progression des prix a atteint 63,5% au Togo, 34,6% au Mali, 33,3% au Bénin, 24,2% au Niger, 23,9% au Burkina, 14,8% en Guinée-Bissau et 6,5% en Côte d’Ivoire.

La hausse des prix des combustibles solides (bois et charbon de bois notamment), des combustibles liquides (pétrole lampant), ainsi que celle des produits d’entretien du logement (en particulier le ciment) ont contribué à accroître les prix des composantes de la fonction «Logement» de l’inflation.

Au quatrième trimestre 2022, la progression des prix du pétrole lampant sur un an atteignait 72,6% au Burkina, 66,5% au Bénin, 29,5% au Togo, et 19,6% au Mali. En ce qui concerne le bois et le charbon de bois, les tensions sont relevées en Guinée-Bissau (+59,8%), au Sénégal (+31,1%), au Togo (+19,5%) et au Niger (+4,0%), en raison de l’accroissement des coûts d’acheminement vers les grands centres urbains.

Quant aux produits d’entretien du logement, l’évolution des prix au dernier trimestre 2022 est de l’ordre de 22,5% en Guinée-Bissau, 14,5% au Sénégal et 8,8% en Côte d’Ivoire.

La proportion des produits ayant connu des hausses significatives s’est légèrement réduite, ressortant à 52,4% en décembre 2022, contre 53,2% en septembre 2022, en raison principalement de la décélération des prix des produits alimentaires.

En effet, au niveau des denrées alimentaires, la proportion des prix ayant connu une hausse significative s’est réduite de 11,7 pdp, passant de 94,1% en septembre 2022 à 82,4% en décembre 2022. Cette progression est représentée par l’histogramme de la variation des prix des biens et services qui montre un étalement moins prononcé à droite en décembre 2022 par rapport à septembre 2022, traduisant une baisse du nombre de produits dont les prix ont augmenté.

L’analyse selon la nature révèle une progression des prix des biens de 9,3% au quatrième trimestre 2022, après une hausse de 9,9% un trimestre plus tôt. Cette évolution est essentiellement imputable à l’augmentation de moindre ampleur des prix des produits alimentaires. Les tarifs des services ont progressé de 4,8% contre 4,7% au troisième trimestre, en lien avec le renchérissement des services de transport.

Le taux d’inflation sous-jacente, qui mesure l’évolution du niveau général des prix hors produits frais et énergie, est ressorti en hausse de 5,2% au cours du quatrième trimestre 2022, après une progression de 5,4% un trimestre plus tôt. Cette évolution est en rapport avec la hausse contenue des prix de certaines denrées alimentaires qui entrent dans le champ de l’indice sous-jacent, notamment les farines (+17,9% contre +20,7% précédemment), les huiles (+17,2% contre +18,0%), les légumes secs (+6,4% contre +13,5%) et la viande (+7,1% contre +8,0%).

Au total, les tensions sur les prix de ces biens alimentaires expliquent 49,1% de la hausse de l’inflation sous-jacente, contre 53,2% le trimestre précédent.

Par ailleurs, les prix des produits frais ont progressé de 14,4% au quatrième trimestre 2022, après 16,8%, le trimestre précédent, en lien avec la décélération des prix des produits alimentaires susmentionnés.

En revanche, ceux des produits énergétiques se sont accrus de 9,5% au cours du trimestre sous revue, après une progression de 8,5% au troisième trimestre 2022, du fait de la hausse des prix du charbon de bois, ainsi que du renchérissement du gaz et des carburants, dans le sillage des niveaux toujours élevés des cours du pétrole brut sur le marché international.

L’analyse par pays laisse apparaître une baisse de l’inflation dans tous les pays de l’Union, à l’exception du Sénégal et du Togo, ainsi que du Bénin qui a enregistré un retour en territoire positif.

La dynamique des prix au Sénégal s’explique essentiellement par le renchérissement des produits alimentaires (+19,9% contre +17,5%), notamment les produits céréaliers (+21,3% contre +13,2%), en rapport avec la forte hausse des prix du riz (+39,2%) à l’international, ce dernier occupant une part prépondérante dans la consommation de produits céréaliers dans ce pays. Elle s’explique également par le faible niveau du report de stock de la campagne agricole 2021/2022. S’agissant du Togo, le regain d’inflation reflète essentiellement l’accentuation des tensions sur les prix des composantes “Transport” (+17,9%, contre +15,5% précédemment) et “Logement” (+7,8%, contre +6,2% précédemment), en raison de la révision à la hausse des prix à la pompe des carburants mentionnée plus haut. Au Bénin, le retour en territoire positif du taux d’inflation s’explique par la progression des prix de la composante « Transports », dans un contexte de remontée des prix des carburants et des combustibles, consécutive à la hausse des prix à la pompe au quatrième trimestre 2022 dans ce pays.

L’accélération du niveau des prix dans ce pays a également été accentuée par les faibles performances enregistrées lors de la campagne agricole 2022/2023 (+1,0% contre +4,8% en 2021/2022).

Au total, le taux d’inflation est ressorti à 7,4% en 2022, contre 3,6% en 2021, imputable principalement à la composante “Alimentation” dont la contribution à l’inflation totale est ressortie à 5,6 pdp, et, dans une moindre mesure, aux fonctions “Logement” et “Transports” qui ont contribué à hauteur de 0,5 point chacune.

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