Augmentation du prix du gaz butane : Les togolais s’indignent

Estimated read time 4 min read

Le prix du gaz butane a connu une hausse considérable le 13 Août 2022, sur toute l’étendue du territoire national. Une situation qui enfonce de plus les populations dans la précarité. Des réactions fusent de partout.

Depuis quelques temps, les populations togolaises croupissent sous le poids de la vie chère. Les prix des produits de première nécessité connaissent une hausse sans précédent. La dernière en date, est la hausse du prix du gaz butane qui a connu une augmentation exponentielle de près 50%, après l’augmentation des produits pétroliers survenue le 19 juillet dernier.

Depuis le 13 août dernier, le kilogramme du gaz butane est servi à 895 francs CFA. Ainsi, la bouteille de 6 kg passe de 3120 francs CFA à 5370 francs CFA et celui de 12,5 kg est à 11190 francs CFA.

Les populations ne s’y attendaient pas à cette augmentation, puisqu’aujourd’hui le gaz butane a le vent en poupe au Togo. Les autorités togolaises, dans la dynamique de préserver l’environnement et de lutter contre la déforestation encouragent l’utilisation du gaz butane. Aussi, le pays s’évertue pour  l’amélioration continue du couvert végétal national afin de faire du Togo, un pays vert, conformément à la vision du Président de la République. Face à cette augmentation, l’on se demande si cela ne constitue pas un recul des efforts consentis depuis plusieurs années par le gouvernement, dans la mesure où les populations sont obligées de nouer avec les vieilles habitudes en faisant recourt à l’utilisation du charbon de bois.

De nombreuses personnalités se sont prononcées.

A en croire, Sogoyou Keguewe, un cadre du parti au pouvoir l’Union pour la République (UNIR), le gaz était massivement subventionné de janvier en août, plus de 10,5 milliards de francs CFA ont été dépensés en subvention alors qu’au budget de l’Etat, il était inscrit 1,6 milliard de francs CFA. L’imprévu va au-delà du prévu. Et de préciser qu’au Togo, contrairement au super sans plomb et autres, le gaz est importé par des sociétés privées. « Si l’Etat continuait cette subvention, il sera pris dans une spirale » a-t-il indiqué.

Pour  le député Gerry Koumandéga Taama, le Chef de l’Etat doit revoir le prix du gaz butane.

Les raisons évoquées par le parlementaire pour revoir la décision

La première concerne les engagements du Togo lors de la Cop 21 en 2015 à Paris, et renouvelés lors des autres conférences, pour limiter le réchauffement planétaire en dessous de 2°C, voire 1.5°C par rapport au niveau préindustriel, à l’horizon 2100. Il se trouve que pour agir contre le réchauffement climatique, il faut rechercher la neutralité carbone en faisant en sorte que le taux de rejet de dioxyde de carbone (CO2) n’excède pas la capacité naturelle d’absorption par les milieux naturels (forêts, zones humides, sols agricoles…). Il se trouve aussi malheureusement que l’augmentation du prix du gaz va inexorablement accentuer la consommation du charbon de bois comme palliatif. Et qui dit augmentation de la consommation du charbon de bois, dit réduction du couvert végétal, et accélération du réchauffement climatique.

La seconde concerne votre propre projet environnemental. En effet le gouvernement s’est engagé depuis une année dans une vaste campagne visant à planter 1 milliard d’arbres sur le territoire sur 10 ans, ceci faisant partie des approches du gouvernement pour « gagner le pari d’un développement durable et profitable aux populations ». Quelle serait l’utilité de planter des arbres, s’ils seront destinés dans quelques années à préparer nos repas, au lieu de capturer le CO2 ?

La troisième raison, qui vient confirmer les deux premières est que nos compatriotes vont majoritairement passer au charbon de bois, non pas parce que le gaz avec ces nouveaux tarifs est moins compétitif. Non, même à ces nouveaux prix, il sera toujours plus avantageux d’utiliser le gaz que le charbon de bois ou le bois, mais là où les revenus intermédiaires et élevés vont s’adapter facilement, les petits revenus n’auront d’autres choix que de se tourner vers la biomasse. Et la raison en est simple. Il sera très difficile à une personne vivant au smig, qui a vu son niveau de vie s’effondrer avec le phénomène de la vie chère et la hausse récente des prix des produits pétroliers, de s’adapter aux nouveaux tarifs du gaz. En réalité, cette catégorie de personne, qui constitue la majorité de notre population, s’adapte à toutes les hausses de prix en achetant au détail. Ils n’achètent pas le maïs au sac de 50kg mais au bol, pas le riz au sac de 25kg mais au kilo, ils n’achètent pas l’essence à la station-service mais prennent le ‘’boudè’’. Il se trouve malheureusement que le gaz ne s’achète pas au détail, mais le charbon si. Ces personnes, qui vivent dans une sorte de tontine permanente, vont donc se jeter sur le charbon de bois en l’achetant au détail à raison de 200 à 500 francs CFA par jour. A la fin, ça leur reviendra plus cher qu’une bouteille de 6kg de gaz mais nous, nous n’aurons plus de forêts.

Dans une déclaration liminaire, l’Association togolaise des consommateurs (ATC) et la Ligue des consommateurs du Togo (LCT) condamnent l’augmentation inopportune du prix du gaz qui n’a pas suivi la procédure officielle pratiquée par le gouvernement en ce qui concerne l’application du prix des produits pétroliers dont le gaz butane.

Selon les deux associations il est regrettable de constater qu’en cette période de vie chère, le gouvernement cautionne la révision à la hausse d’un produit de grande consommation comme le gaz à près de 50%. Cette révision à la hausse foule au pied tous les engagements pris par notre pays en matière de la protection de l’environnement devant les institutions internationales et aux différentes Conférences des Parties sur le Climat (COP).

« Après une comparaison faite des prix du Kg de gaz butane au niveau de la sous-région, force est constater qu’à ce jour, le prix du gaz butane au Togo devient le plus élevé dans la sous-région avec une tentative de libéralisation du secteur et de suppression de la subvention sur ledit produit » indique la déclaration liminaire.

L’Association togolaise des consommateurs (ATC) et la Ligue des consommateurs du Togo (LCT), au regard de la détérioration du pouvoir d’achat et du bien-être social des populations en ces temps de cherté de la vie et de crise économique mondiale, déclarent que le gouvernement, par rapport à ses nombreux engagements notamment ceux pris lors du vingt sixièmes conférences des parties sur le climat (COP26), a un impératif de revoir à la baisse le prix du gaz butane á un taux raisonnable dans les meilleurs délais. La libéralisation du secteur du gaz, le maintien du prix actuel et la suppression de la subvention de l’Etat, s’assimileraient à une volonté d’abandonner toutes les politiques de la protection de l’environnement et de lutte contre la déforestation.

Les conséquences de la crise sanitaire COVID, et de la cherté de la vie poussent chaque jour bon nombre de nos concitoyens vers la précarité. Pour pallier à ce problème social, il urge que le gouvernement entame des discussions avec les partenaires sociaux afin de discuter des questions traitant de la révision à la hausse des revenus des Togolais.

En accordant une liberté totale aux producteurs et opérateurs économiques de se servir de divers arguments pour appliquer les prix de certains produits de consommation, le gouvernement expose ainsi les consommateurs à une inflation galopante et à un coût de vie très élevé entretenu par une frange des acteurs du secteur économique.

Afin de prévenir toute crise sociale dans notre pays dont la vie chère serait à l’origine, nos organisations attendent un regard attentif des plus grandes autorités du pays dans la prise de certaines décisions en lien avec la hausse des prix des biens de consommation afin d’éviter des conflits d’intérêts.

L’impératif aujourd’hui reste de sauver les consommateurs de la précarité et de sauver nos quelques forêts et c’est pour ces raisons que nos deux organisations de consommateurs attendent du Ministère en charge du Commerce, du Ministère de l’économie et des finances et du Ministère de l’environnement et des ressources forestières qu’ils partagent les peines et cris des consommateurs en ces périodes en rapportant cette décision.

© TOGODAILYNEWS

Pour vos reportages, annonces et publicités, contacter le service commercial de votre site togodailynews.info

Tél : (00228) 90 90 49 83

Email : togodailynews@gmail.com

Bernard AFAWOUBO

Bernard AFAWOUBO, Directeur de Publication de votre journal en ligne en mode écrit TOGODAILYNEWS

Lire aussi

Plus de l'auteur

+ There are no comments

Add yours