(TOGODAILYNEWS) – Selon les chiffres rendus publics par l’UNICEF (Le mariage des enfants en Afrique de l’ouest et centrale : Aperçu statistique et réflexion sur l’élimination de cette pratique, Juin 2022), il en ressort qu’une fille sur quatre est mariée avant 18 ans au Togo. Ainsi, chaque année, des centaines de jeunes filles voient leur enfance brutalement interrompue, leur avenir compromis par des unions précoces sans leur consentement.
Derrière ces chiffres, il y a des noms, des visages, des destins brisés, mais désormais, une lueur d’espoir est venue d’une source inattendue, il s’agit des acteurs de foi.
« Quand Dieu parle d’union, il parle de deux adultes consentants, pas d’une enfant à peine sortie de l’enfance » a-t-elle affirmé la Révérende Lucie MENSAH de l’Eglise Méthodiste du Togo.
Cette relecture éclairée des textes sacrés est au cœur d’une campagne inédite, portée par le réseau Faith to Action Network (F2A) un réseau interconfessionnel mondial, dirigée du Sud qui mobilise plus de 215 institutions religieuses membres pour des communautés plus justes, paisibles et inclusives à travers le dialogue et le plaidoyer.
Loin des discours accusateurs, l’initiative « Protéger l’enfance, un devoir sacré » transforme les valeurs religieuses en rempart contre la pratique du mariage des enfants. Elle rassemble une forte coalition : imams, pasteurs, prêtres et chefs traditionnels, unis par une conviction commune : la vraie foi protège, elle ne sacrifie pas.
Ce projet qui allie tradition et technologie se repose sur une stratégie de communication innovante.
Trois avatars numériques notamment Maman Malkia, la conseillère sage ; Baba Baraka, le père éclairé ; et Nala, la jeune curieuse qui incarnent les messages en langues nationale et locales et sur les plateformes populaires sont mis à contribution pour une réussite parfaite de ce projet d’où son originalité.
Ces avatars animent une série de dix podcasts conçus sur la base des interviews accordes par les acteurs de foi, diffusés sur les réseaux sociaux et les radios communautaires, touchant un public large et diversifié.
« Nous voulons démontrer que la foi n’est pas un frein, mais un levier pour l’émancipation des filles », explique Ayoko Bahun-Wilson, directrice des Programmes Afrique de l’Ouest du réseau F2A.
L’objectif visé par F2A est d’influencer le débat public en s’appuyant sur la crédibilité des leaders religieux, tout en utilisant l’intelligence artificielle pour amplifier une parole inclusive et vérifiée.
Loin de se limiter aux religions écrites, cette démarche puise également dans les traditions orales africaines, souvent invoquées à tort pour justifier le mariage précoce des enfants.
« Nos coutumes ont été déformées. Autrefois, la maturité et la sagesse précédaient toute union. Aujourd’hui, nous revenons à l’esprit d’origine : protéger la jeune fille, non la sacrifier » déplore Togbui Amegninou, prêtre Vaudou.
Cette reconquête d’un patrimoine culturel bienveillant est essentielle dans un pays où une grande partie de la population s’informe via les réseaux sociaux, des canaux où les fausses croyances circulent cinq fois plus vite que les informations vérifiées.
Déployée en trois phases notamment la sensibilisation, la conscientisation des conséquences et la promotion de solutions, cette campagne vise des résultats tangibles à savoir la sensibilisation massive via les réseaux sociaux et les lieux de culte, le changement des normes sociales grâce à l’engagement des leaders religieux et positionner le Togo comme pionnier dans l’utilisation de l’IA pour la cause de la protection des enfants.
« Nous ne luttons pas contre nos traditions, nous les ramenons à leur essence : la protection des plus vulnérables » a déclaré Imam Agodomou, l’un des leaders religieux représentant l’Union Musulmane du Togo, partenaire de la campagne.
Au-delà du Togo, Faith to Action Network espère que ce modèle fera école. Car si le mariage des enfants est un fléau complexe, ancré dans la pauvreté et l’inégalité des genres, la réponse, elle, peut être simple : elle peut venir de la foi elle-même, quand celle-ci choisit de se faire bouclier plutôt que glaive.
Et si, enfin, c’était la foi qui offrait à chaque fille le droit de grandir, d’apprendre et de choisir ?
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